Alors que l’on peut voir un peu partout des pièces de 2 euros atteindre une valeur avoisinant le millier d’euros, un collectionneur lyonnais se veut beaucoup plus rationnel concernant "la chance d’en avoir une".
Les collections de pièces existent depuis la nuit des temps, mais depuis 2021, le grand public s’intéresse à une pièce que chacun a dans son porte-monnaie. Khaled Al Juneidi, numismate (collectionneur de pièce) depuis 1997 se veut de son côté plus rationnel sur cet engouement. Le gérant d’Oullins Collection reconnaît bien "une montée de l’intérêt pour la pièce de deux euros. Elle a commencé à affluer après le premier confinement", mais d'après lui "il y a beaucoup de mensonges ".
La Grace Kelly de 2007, une perle rare
Au tout début, "on avait une cinquantaine d’appels par jour pour avoir des estimations sur le prix d’une pièce ". Sur beaucoup de sites ouverts au grand public il n'est pas rare de voir la valeur de certaines pièces atteindre des prix astronomiques et tout le monde se dit, " pourquoi pas moi ". La réalité est toutefois bien différente. Depuis le début de la frénésie autour des pièces de 2 euros, Khaled Al Juneidi confie n'avoir acheté qu'une pièce parmi les milliers de demandes réceptionnées.
À l'origine de cet emballement se trouverait une simple pièce, frappée il y a une dizaine d'années et dont la valeur atteint plusieurs milliers d'euros. "La plus chère est la Grace Kelly de Monaco de 2007, elle a une valeur de 3 500 euros ", explique le numismate de la région lyonnaise. Et pour cause, "il en existe seulement 20 000 exemplaires et elle n'est aujourd’hui plus en circulation ". Certaines pièces sont donc recherchées pour leur histoire, d'autres pour leurs défauts, qui les rendent uniques. On parle alors de "variétés", ce sont "des pièces différentes avec un défaut de fabrication, certaines peuvent valoir 80 euros", assure Khaled Al Juneidi.
"C’est comme rechercher une aiguille dans une botte de foin"
Khaled Al Juneidi, numismate chez Oullins Collection
Chaque année, les pays de la zone euro sortent deux nouvelles pièces, pour commémorer ou célébrer des évènements marquants. Comme par exemple les pièces frappées pour les Jeux olympiques de Paris 2024, éditées en France depuis 2021 "pour promouvoir cet événement" (et pas en circulation). Khaled Al Juneidi précise que "cette pièce a été tirée à 50 000 exemplaires et peut être revendue à une dizaine d’euros si elle est bien conservée dans son coffret d'origine".
En 2021, on estimait à 7 milliards le nombre de pièces de 2 euros en circulation dans la zone euro. D'où la difficulté pour monsieur ou madame tout le monde de tomber sur la perle rare, "c’est comme rechercher une aiguille dans une botte de foin", s’amuse Khaled Al Juneidi. Par ailleurs, tomber sur une pièce atypique ne suffit pas pour décrocher le jackpot, son état joue énormément sur sa valeur. Ainsi, "une pièce qui a circulé n’est plus une pièce de collection". Le gérant d’Oullins Collection, lui, assure "la plupart des pièces que je possède viennent directement d’ateliers de production ".