Depuis les temps préhistoriques, tout savoir sur l'histoire des pièces de monnaie

Depuis les temps préhistoriques, les hommes échangent leurs biens (le troc). Pour ce faire, les formes premières de la monnaie sont des plus variées car chaque groupe humain se dote d'un étalon susceptible d'être crédible et accepté par tous :

Depuis les temps préhistoriques, les hommes échangent leurs biens (le troc). Pour ce faire, les formes premières de la monnaie sont des plus variées car chaque groupe humain se dote d'un étalon susceptible d'être crédible et accepté par tous :

Cypraea moneta ou cauri

Deux monnaies en forme de couteau Chine,

Dynastie Zhou, Royaume de Yan, 600-200 av. J.C

Invention de la monnaie

L'inventeur de la monnaie, aujourd’hui confirmé par l’archéologie, est un roi de Lydie (Gygès) qui, en 687 av. J.-C., substitue aux lingots d'or des morceaux d'électrum (alliage naturel d'or et d'argent provenant des eaux d’une petite rivière de Lybie, Le Pactole) dotés des caractéristiques suivantes : poids invariable, même forme et marqués d'un signe authentifiant leur étalonnage. Ces pièces de monnaie se révèlent pratiques et on est à peu près sûr de pouvoir échanger contre tout bien disponible à la vente. Un exemple, grâce aux textes d’Homère, nous savons qu’un poids de 8.5 grammes d’or correspond à un bœuf. Mais on ne parle pas encore de monnaie.

Un Ionie du viie siècle avant notre ère. 1/24e de statère d'électrum (0,7 gramme) frappé entre 625 et 600av. J.-C. Avers: Swastika (sorte de croix gammée)  en relief ; Revers : Swastika en creux.

Monnaie Perse

Plus tard, les Perses ayant conquis Babylone, battent monnaie à leur tour (à l’époque, 1 monnaie d'Or vaut 13.5 monnaies d'argent). Des pièces ont été utilisées à Marseille dès la fondation de la ville par les Romains vers 600 av. J.-C.  La monnaie n'a sans doute pas été créée pour faciliter les transactions mais aussitôt créée elle a été adoptée par les commerçants.

Royaume de Perse. Darius III (336-330 av. J.-C.). Darique d'or (8,36 grammes) représentant le roi agenouillé tenant un arc et une lance.

Monnaie Gauloise de Marseille à la roue (300 -100 av J.C)

Monnaie Grèce

En Grèce, la monnaie est frappée sous contrôle public et a cours légal, c'est-à-dire que si les autorités peuvent rémunérer avec elle ses prestations, les citoyens peuvent réciproquement payer leurs impôts avec elle. Ils peuvent aussi solder les dettes de toute nature. La monnaie grecque a un caractère légal et juridique. Les indemnités accordées par les juges peuvent se faire en monnaie, une nouveauté pleine d’intérêt qui limite les pensions en nature et les cessions de terre.

Tétradrachme d'argent frappé par Athènes, vers 450 av. J.-C., revers : chouette à droite et tête de face, rameau d'olivier et croissant de lune, inscription ΑΘΕ.

En contact depuis ses débuts avec les commerçants grecs, Rome imite la Grèce en matière monétaire. Un premier atelier monétaire est institué à Rome, au iiie siècle av. J.-C.et installé sur le Capitole, à proximité du temple de Junon Moneta. Les mots monnaie, moneda, money... dérivent de ce qualificatif Moneta qui signifie « l'avertisseuse, celle qui donne l'alerte ».Les premières monnaies métalliques romaines (aes ou as) sont de petits lingots de bronze ornés d'un bœuf.

Aes signatum, fin du ive ou début du iiie siècle av. J.-C. - longueur environ 15 cm - environ 1,4 kg

Fabrication de la monnaie

Puis en forme de pièces de monnaies (bien plus pratique). Cette monnaie était fabriquée à partir de rondelles de bronze ou d’argent (flans monétaire) qui étaient coincées entre une enclume et un coin mobile (trousseau). Deux empreintes gravées (matrices) étaient apposées sur l’enclume et sur le coin. La frappe par un marteau permettait alors de marquer simultanément l’avers et le revers de la monnaie. Ce système permettait d’effectuer entre 5.000 et 10.000 frappes ce qui explique qu’un même as, sesterce, denier, etc.. pouvait représenter de nombreuses variantes.

L’as pèse environ 55 grammes de bronze (1,6 livre romaine). Il est symbolisé par le « I » qui figure l’unité monétaire et le poids. Dans la vie quotidienne, le prix des biens était couramment exprimé en as (par exemple, un as permettait d’acheter de 2 à 3 Kilogrammes de blé alors que la solde quotidienne d’un fantassin romain était de 5 as…).

Janus la proue, as romain ,iie siècle av. J.-C.

Le semi de bronze symbolisé par la lettre « S » de semi qui vaut la moitié d’un as soit 27.5 grammes de bronze.

Le quadran de bronze qui vaut ¼ d’as et pèse environ 13.8 grammes de bronze.

Le sextan de bronze qui vaut 1/6 d’as et pèse environ 9.2 grammes de bronze.

L’once de bronze qui vaut 1/12 d’as et pèse 4.6 grammes de bronze.

Le sesterius ou sesterce d’argent qui pèse 1.12 grammes d’argent et valait 2,5 as soit environ 138 grammes de bronze. Il s’agit de l’unité de compte couramment utilisée dans la vie quotidienne et pour laquelle les lettres « II S » sont reprises sur les monnaies (II et S = semi)

Sesterce de Nîmes,  AUGUSTE (-27-14 avant J.C.), Avers : IMP/ DIVI·F Tête d'Agrippa à gauche, coiffée de la couronne rostrale (On érigeait des couronnes rostrales pour consacrer le souvenir des victoires remportées sur mer.), et tête l. d'Auguste à droite. De part et d'autre, P-P. Revers : COL- NEM Crocodile à droite devant une palme.

Le quinquarius d’argent ou quinaire qui pèse environ 2,26 grammes d’argent et valait 5 as soit environ 275 grammes de bronze et sur lequel le symbole « V » rappelait sa valeur.

Le denarius ou denier qui pèse environ 4,51 grammes d’argent et valait 10 as. (le symbole « X » est inscrit sur les deniers) soit environ 550 grammes de bronze.

Monnaie à l'ère chrétienne

 Puis, au début de l’ère chrétienne, Auguste réorganise le système monétaire sur le principe du tri métallisme : l’aureus fait son apparition, il pèse 8,12 grammes d’or et vaut 25 deniers d’argent, tandis que le denier lui-même équivaut à 4 sesterces de bronze.

Monnaies d'échange : les pièces deviennent aussi des instruments de propagande à la gloire de l'empereur.

Les dépenses militaires accrues du iiie siècle entraînent de nombreuses dévaluations de la monnaie sous forme de changement des titres des pièces en métal précieux. Emporté par l'inflation, ce système est réformé au début du ive siècle sous Dioclétien et Constantin avec entre autres monnaies la création du solidus ou sou d'or.

Le solidus, ainsi lancé, a marqué les esprits autant que la langue française puisque du terme « solidus » nous est venu le mot sol qui a donné par suite le «sou».

Vers 675, en Gaule, le sou d'or est complété, puis remplacé par une pièce d'argent, le denier, du nom de l'ancienne monnaie romaine d'argent. Douze deniers font un sou. Les pièces sont produites un peu partout et revêtent de multiples aspects.

Denier de Pépin le bref roi des francs de 754 à 768

A l’avers RP = Rex Pipinus     et au revers RX F Rex Francorum

Denier tournois en billon au Châtel de PHILIPPE III LE HARDI 1245-1285 ( Roi de France de 1270 à 1285)

(Le châtel est la forme de château que la pièce représente à l’avers).

Denier d’argent des Archevêchés de Lyon

(Croix finissant en L à l’avers du denier et GALLIARVM « ancien nom de Lyon » au revers)

EVÊCHE DE MAGUELONNE Denier de Melgueil

Sa création vient de l’affaiblissement du pouvoir central Carolingien qui possédait l’exclusivité royale en matière monétaire. Aux IX-Xème siècle, les comtes auparavant nommés par le pouvoir central, se sont rendus indépendants en usurpant le droit de « battre » monnaie en leur nom. Ils choisirent les types de monnaies ayant le crédit auprès du peuple, et donnèrent aux lettres un aspect indéchiffrable d’où le qualificatif de légende « dégénérée ou barbare ».

La monnaie au moyen-âge

L’usage de la monnaie connaît une régression dans l’Europe du Haut Moyen Âge à cause des restrictions dues aux systèmes féodaux laissant peu de places aux libertés économiques et donc à la valeur de l’argent. Le troc ou l'échange de marchandise contre une autre devient la règle. Les Mérovingiens utilisent la monnaie ancienne et abandonnent même la frappe nouvelle. La monnaie est, plus ou moins, selon les époques, visible chez l'élite ou chez les plus aisés, et le reste du peuple ne la connait pas. Des générations entières de personnes, surtout à la campagne, vont vivre sans jamais voir circuler de monnaie. De plus, la monnaie était difficilement échangeable, sauf si les pièces étaient en or ou en argent. Les Carolingiens frappent plus de nouvelles monnaies, ainsi que leurs successeurs, mais en quantités limitées.

Avec la découverte de nouveaux gisements argentifères les Carolingiens pérennisent les monnaies en argent. Charlemagne, en 781 faute d'approvisionnement suffisant en or, se résigne à mettre en circulation une nouvelle monnaie de référence, le denier d'argent (de 1,36 g à 1,80 g d'argent). En prescrivant de tailler 240 deniers dans une livre d'argent, Charlemagne jette les bases d'un système monétaire et comptable qui persistera, en France jusqu'à la Révolution : 1 livre = 20 sous ou 240 deniers, donc un sou = 12 deniers. En outre, pour éviter de couper en deux les deniers comme il était coutume, il fût frappé une division du denier, l'obole d'argent, qui correspond à sa moitié.

A gauche le denier de Raymond VII

A droite l’obole du même denier des comtes de Toulouse (1222-1249)

Système monétaire

Ce système monétaire restera en vigueur pendant mille ans. Il permettra une reprise des échanges commerciaux et une première renaissance économique. Au Moyen Âge, toutes les unités monétaires sont définies partout en référence à leur poids d’or ou d’argent. Sous réserves du contrôle de « l’aloi * », les monnaies peuvent être changées et substituées partout sur la base de leur poids d’or et d’argent. À partir du IXe siècle, le commerce renait avec des foires de plus en plus importantes. Des villes parviennent à obtenir des franchises et les marchands des latitudes** par rapport aux seigneurs, aux princes et au clergé.

Au Moyen-âge, l’or avait une grande audience. En effet, le pouvoir d’achat de l’or était 400 fois plus fort qu’aujourd’hui. Les pièces en or n’étaient utilisées que pour des transactions d’importance ou de prestige. En effet, l’or était utilisé pour la vente des terres, les transactions entre états. L’or pendant le Haut Moyen-âge avait beaucoup plus d’importance en Méditerranée que dans le Nord. Les échanges et les ventes se faisaient avec des pièces d’or. De plus en plus, l’or est utilisé comme moyen de paiement dans les transactions qui se font entre les pays occidentaux. C’est pourquoi les monnaies d’or sont très nombreuses pendant le Moyen-âge.

On distingue les monnaies féodales et les monnaies seigneuriales Chaque gouvernement frappe sa monnaie d’or. Certaines d’entre elles ont un très grand succès comme la première, le Florin, monnaie d’or émise à l’origine dans la ville de Florence en Italie et qui a été copiée par la suite par de nombreuses seigneuries de l’Occident (Bourgogne, Autriche, Pays-Bas) suivi par le ducat de Venise.

Florin de Florence vers 1252

Le ducat de Venise vers 1282

Presse servant pour l’emboutissage des monnaies au Moyen-âge

Réforme monétaire de Saint Louis

En 1262 en France, Saint Louis crée le tournois d'argent ou gros tournois. La réforme monétaire de Saint Louis étend le cours légal de la livre tournois au royaume, elle vaut alors 20 sous ou 1 gros tournois de 4,52 grammes qui a entre 96 et 100% d'argent (soit environ 0,37 grammes d'or, variant à l'époque autour de 12 parts d'argent pour 1 part d'or).

Le gros d'argent est créé après la Septième croisade (1248-1254), après que saint Louis a découvert le système monétaire arabe. Lors du même mouvement de réforme, il crée aussi les premières émissions d'or du royaume, les écus d'or, mais ceux-ci en nombre très limité, dans un but purement politique.

Après la bataille de Poitier en 1356 et suite à l’emprisonnement du roi de France Jean Le Bon, le dauphin Charles, futur Charles V, dut créer une nouvelle monnaie pour faire face aux difficultés économiques liées à la guerre et à l'épidémie de peste. Pour rappeler au peuple que l'impôt exceptionnel levé à cette époque difficile servirait à payer la rançon de son père, donc à rendre sa liberté au roi de France, il appela cette monnaie le franc.

JEAN II dit JEAN LE BON  1319-1364 (ROI DE FRANCE de 1350-1364)

Grand Franc à cheval frappé le 5 décembre 1360

Cette monnaie servit à payer la rançon de 3 millions d’écus d’or au Roi Edouard III d’Angleterre pour libérer le Roi JEAN II mais n’ayant pu être entièrement la payée, le futur CHARLES V prit la régence et le Roi JEAN LE BON mourut prisonnier le 8 avril 1364 à Londres.

Les gros tournois, eux, sont fabriqués en abondance pour s'intégrer dans le système monétaire complexe de l'époque.

Ils font partie des monnaies les plus imitées au Moyen Âge, tant par les seigneurs laïques que par les évêques ou abbayes. Leur frappe se prolonge jusqu'à la fin du Moyen Âge.

Saint Louis vers 1262, Gros tournois

Louis II de Male Comte de Flandre, de Nevers, de Rethel, d’Artois et de Bourgogne et Duc de Brabant. Double gros au lion Bodrager

Saint Louis vers 1262, Gros tournois

Louis II de Male Comte de Flandre, de Nevers, de Rethel, d’Artois et de Bourgogne et Duc de Brabant. Double gros au lion Bodrager

Jean III du Brabant, Gros tournois ou plaque aux 4 lions

La frappe des pièces était confiée à un vaste réseau d'ateliers dûment accrédités, à Paris et en province.

 Pour reconnaitre ces ateliers de province, un point « secret » était apposé sous une des lettres de la monnaie.

Exp : si le point était sous la 12ème lettre, la monnaie avait été frappée à Lyon.

CHARLES VI le bien aimé 1368-1423 (Roi de France de 1380 à 1422)

Florette (valant 12 deniers tournois ou 6 deniers parisis) de Troyes (14 ème lettre) en billon « alliage d’argent, de cuivre et de 5% de plomb ».

Les pièces ne portent aucune valeur faciale ; elles valent le poids du métal qui les compose. Le Roi fait fluctuer la valeur de l'argent (politique monétaire) en modifiant le poids des pièces ou leur métal et les motifs qu'elles représentent. Concrètement, les pièces nouvelles étaient généralement frappées, avec un nouveau motif, dans le métal refondu des anciennes ou directement sur les anciennes monnaies.

Surfrappe d’un Sol de 15 deniers de Louis XIV sur un Douzain aux L de Louis XIII

(On peut voir les lettres de l’ancienne monnaie sur la partie supérieure à l’avers et la croix au milieu du revers)

*En numismatique, le titre ou l'aloi d'une monnaie est une grandeur sans dimension correspondant à sa composition dans un métal donné. Il s'agit plus précisément du rapport de la masse d'un métal fin à la masse totale de l'alliage qu'il compose.

**Liberté entière, faculté d’agir à son gré.

CHARLES VII  1403-1461     (ROI DE FRANCE de 1422-1461)

Blanc ou Ecu de Romans (point sous la 2 ème lettre), il existe plusieurs pièces différentes. Un écu, par exemple, vaudra toujours trois livres, mais il se frappe en or au XIIIe siècle et en argent (écu blanc) au XVIe siècle. De même, au XVIIIe siècle, l'écu en argent se décline en plusieurs pièces :

    • l'écu de Navarre (1718) de 24,475 g ;

    • l'écu aux 8 L (1721), de 23,590 g.

    • le quart d’écu

    • le huitième d’écu

    • le douzain valant 12 deniers

 

Entre 1450 à 1750 avec : les réformes religieuses

 une montée des échanges et de la production

 la découverte des Amériques et des Indes

 un gonflement de la richesse mobilière plus rapide que celui de la richesse liée à l’exploitation de la terre

 l’abondance des métaux précieux en provenance des mines d’Amérique du sud  se posent de nombreuses questions comme la relation entre cette abondance et la hausse des prix très forte que l’on constate partout en Europe, le bien-fondé des politiques commerciales qui laissent s’échapper le métal à l’étranger et donc la question de l’accumulation ou de la circulation des espèces.

Ces réalités conduisent à une intense réflexion sur le rôle des monnaies et la législation qui s’impose aux échanges monétaires. Des thèses font valoir que le marchand est puissant parce que riche d’espèces monétaires et que la puissance du prince est d’accumuler également les signes monétaires pour financer ses ambitions. D’autres soulignent qu’il s’agit d’une illusion, et que la vraie richesse est ailleurs.

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